La fabrication des cigarettes

La cigarette vit le jour en Turquie et c’est au cours de la guerre de Crimée, en 1855, que des officiers turcs la firent découvrir à leurs alliés anglais et français qui, à leur tour, la firent connaître à leurs compatriotes. Son succès est pourtant postérieur : il date du retour en 1885 des officiers anglais d’une longue campagne en Egypte qui rapportèrent de vastes provisions de cigarettes dans leur pays. Entre temps, en 1865, un Américain avait inventé une machine spéciale pour la fabriquer et il devint dès lors possible de se la procurer à un prix raisonnable.

Préparations générales
La fabrication des cigarettes nécessite un traitement préalable du tabac : c’est la préparation générale qui va transformer les feuilles de tabac brut en scaferlati ou tabac haché. Cette opération varie peu selon qu’il s’agit de tabac blond ou de tabac brun.
5 phases essentielles peuvent être distinguées : la séparation des parenchymes et des côtes, la composition ou préparation du mélange, l’humidification à froid à ou chaud, le hachage et le séchage et refroidissement.

Séparation des parenchymes et des côtes : le battage
La première opération vise à réduire les chutes que le hachage produit immanquablement. Le tabac (sauf les espèces fragiles venues d’Orient) est donc battu par l’intermédiaire de machines à axe vertical. On obtient suite au battage des fragments de parenchyme que l’on appelle les strips et les nervures (les côtes). Les opérations de battage sont effectuées dans des établissements spéciaux où strips et côte sont séchés, pressés et emballés pour être livrés aux usines de fabrication prêts à l’emploi.
Les côtes seront réintroduites ultérieurement dans le mélange de tabac, après humidification, laminage, hachage et séchage. Elles permettront de régulariser et de maîtriser la composition de la fumée : leur réintroduction est notamment un moyen de faire baisser le taux de nicotine et de goudron.

Le mélange
Le mélange est une opération fondamentale : on n’utilise jamais une seule variété de tabac pour produire des cigarettes. Une cigarette qui pèse environ 1 gramme contient en général une vingtaine de tabacs différents !

L’humidification à froid ou à chaud
Les colis de feuilles ou de strips sont introduits dans la chaîne de traitement par des adducteurs qui achèvent de séparer les feuilles : ils sont alors mélangés et humidifiés. Cette opération s’appelle la mouillade. L’introduction est souvent réalisée sur des chaînes parallèles car les tabacs doivent être traités de manière différenciés selon leurs origines : les tabacs d’Orient par exemple, qu’il ne faut pas trop humidifier, sont traités à part. La mouillade est fondamentale car la qualité du hachage dépend de sa bonne conduite : trop sèches, le feuilles se brisent et font de la poussière, trop humides, elles collent et tombent en bouillie.
Après cette opération, on stocke l’ensemble des tabacs dans de grands boxes de mélange pour assurer l’homogénéité de l’ensemble. Ces mélanges correspondent à des produits bien définis et ils seront dès lors traités en continu sur la chaîne des préparations générales. On dira alors que ces tabacs sont traités par tranche ou mise en œuvre.
C’est au moment de la mouillade, parfois avant et parfois après, qu’on ajoute leur sauce aux tabacs blonds de goût américain. Cette sauce (casing) est ajoutée aux tabacs pour rendre leurs goûts plus doux, grâce à des substances comme le miel ou sirop d’érables), ou pour en améliorer l’arôme à l’aide d’ingrédients comme le cacao ou la vanille.

Le hachage
C’est l’opération la plus importante. Elle transforme les feuilles ou le strips en fines lanières de brins longs et enchevêtrés, les scaferlati.
La largeur de coupe varie suivant l’usage auquel est destiné le tabac : de 0,4 à 0,8 mm pour des tabacs destinés à la confection de cigarettes à plus de 1 mm pour les tabacs à pipe. Les côtes elles sont laminées à une épaisseur égale à la largeur de coupe du parenchyme (0,2 mm).
A l’issue du hachage, les brins trop courts pour être utilisés et les débris de cigarettes défectueuses sont expédiés dans une usine spécialisée où ils vont être transformés en tabac reconstitué.

Le séchage et le refroidissement
Après hachage, le tabac est trop humide pour pouvoir être utilisé dans la fabrication. C’est le moment choisi pour torréfier le tabac brun qui est grillé dans un cylindre tournant lentement au-dessus de foyers incandescents. Il sèche, frise et acquiert le goût caractéristique des tabacs bruns français. Quant au tabac blond, il sera séché à l’air chaud et subira dans certains cas une aromatisation, au menthol par exemple, pour renforcer son parfum.
Le séchage est toujours suivi d’un refroidissement qui stabilise la matière.
Le scaferlati est alors prêt à être utilisé pour la fabrication de cigarettes : il est stocké en caisses ou en silo, sur des bandes mobiles.

La confection
Le principe de confection d’une cigarette est simple : le distributeur de la machine forme un boudin de tabac, préalablement apporté par transport pneumatique, et la machine à confectionner enveloppe longitudinalement le papier autour de ce boudin en le collant.
Les diamètres des cigarettes varient entre 7 et 9 mm, le diamètre le plus courant étant 8 mm. La longueur elle varie de 70 à 120 mm, les plus courantes étant de 84 mm.
En 1881, une machine à cigarette produisait 200 cigarettes à la minute. Aujourd’hui, grâce notamment à des innovations françaises, les machines atteignent la vitesse de 12 000 à 16 000 cigarettes par minute et de nombreux dispositifs de contrôle présents tout au long de la chaîne permettent d’assurer la régularité des caractéristiques physiques et gustatives du produit.

L’assemblage
Mais, la confection ne suffit pas à donner aux cigarettes leur forme définitive. Aujourd’hui, la plupart des cigarettes reçoivent en effet un bout filtre, d’où la nécessité de l’assemblage qui consiste à munir la cigarette d’un bout filtre. Il est directement associé à la confection puisque les machines à assembler sont directement accouplées aux machines à confectionner.

Types de filtres et papiers
Les filtres et le papier des éléments importants d’une cigarette. Il existe trois types de filtres : les plus simples sont constitués d’un tampon en matière filtrante enveloppé dans un papier de gainage. Mais, il existe aussi des filtres composites formés de plusieurs composants : les doubles sont constitués de deux tronçons dont l’un est garni de granulés absorbants, les triples comportent deux tronçons écarté l’un de l’autre pour ménager une cavité remplie de granulés absorbants.
Le papier à cigarettes est un papier mince dont les caractéristiques physiques et chimiques font l’objet d’un cahier des charges. Il est constitué de fibres végétales (chanvres et lins) auxquelles on adjoint des charges minérales pour lui conférer blancheur, opacité et combustibilité. Certains papiers sont poreux ou perforés pour créer des produits bien ventilés, ce qui permet de réduire la teneur en goudrons et en nicotine de la fumée.

Contrôle qualité
Tout au long de la chaîne de production, le contrôle qualité des cigarettes est très rigoureux. On s’assure régulièrement de la qualité de l’aspect (lissage du papier, tenue du collage, netteté de la coupe) mais aussi de la compacité, de la résistance au tirage, de la perte des brins, de la combustibilité qui influence les qualités gustatives et les caractéristiques de la fumée.

Empaquetage et cellophane
Arrivées au bout de la chaîne, les cigarettes sont empaquetées par 20, 25 ou 30.
Les paquets sont alors mis sous cellophane, groupés et encartouchés de façon mécanique. La production d’un groupe d’emballage est d’environ 400 paquets/minute.

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