Lu par Michel LE ROYER, le 31 mai 2010 sur le GALION
Le cigare qui brille entre mes lèvres molles
Etoile le silence enténébré du soir ;
J’écarte, avec ce feu timide d’encensoir,
Les spectres des angoisses folles.
Un rouleau de tabac grêle et rouge d’un bout
Que la flamme vorace a choisi pour demeure,
Un point d’or que l’haleine avive, voilà tout
Ce que j’ai conservé de vie extérieure…
L’amoureuse saveur des feuilles que je fume
M’insinue en secret son charme violent;
Elle fait de mon âme un désert somnolent
Que peuple, éparse, une amertume…
Le cigare projette un ruban de satin
Qui mêle au gris l’azur et les moirures pâles ;
Une femme, à travers les fuyantes spirales
Laisse voir son corps incertain.
(La Revue des tabacs, n°132 – 1936)
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