Buralistes : nouveau rapport à charge de la Cour des comptes

La Cour des comptes avait déjà critiqué les aides aux buralistes en 2013 puis en 2016. Son rapport annuel 2017 se situe regrettablement dans la droite ligne des précédents.

Alors qu’en novembre dernier la Confédération des buralistes signait avec le ministre du Budget Christian Eckert un nouveau protocole d’accord pour les cinq ans à venir, destiné à accompagner la diversification et la modernisation des débitants de tabac, la Cour des comptes dans son rapport du 8 février épingle une nouvelle fois les dispositifs d’aide à la profession.

Ces aides, trop « nombreuses », seraient, juge-t-elle, « insuffisamment ciblées et contrôlées » alors que les revenus des buralistes seraient « globalement » en croissance « en dépit de la baisse des ventes des tabacs ». En conséquence, la Cour appelle ni plus ni moins l’Etat à trahir ses engagements et « invite à reconsidérer au plus vite, et sans attendre l’échéance de 2021, les dispositions du protocole d’accord du 15 novembre 2016 » afin de mettre en place une politique plus conforme à sa vision des choses – c’est-à-dire notamment avec des aides revues à la baisse et une ouverture de la distribution du tabac à d’autres acteurs.

C’est là faire preuve de beaucoup de condescendance pour les services du ministère du Budget et la direction générale des douanes, qui, en travaillant quotidiennement sur le sujet, ont jugé judicieux l’accord du 16 novembre.

C’est aussi négliger le rôle des débitants dans la perception des taxes indirectes et la politique de santé publique – un comble : à ce que suggère la Cour à défaut d’oser l’écrire, ce serait pour un peu de la faute des débitants si les politiques de lutte contre le tabagisme n’ont guère de succès puisque « deux des pays à monopole [on remarquera que ce ne sont pas « les pays à monopole » ou « tous les pays à monopole », belle démonstration] ont un taux de prévalence du tabagisme parmi les plus élevés » ! On ne dira rien de la logique qui consiste à préconiser un renforcement du contrôle… des bureaux de tabac pendant qu’à côté, la contrebande et la contrefaçon atteignent des niveaux jamais égalés. Et cela alors que le réseau des buralistes est précisément le dernier rempart contre le commerce parallèle.

Enfin, le rapport omet un peu vite les difficultés créées aux débits de tabac par la mise en place du paquet neutre. Les chiffres cités par la Cour elle-même montrent qu’entre 2002 et 2015, le nombre de ces derniers est passé de 32 850 à 25 492, ce qui signifie qu’un tiers des bureaux ont déjà mis la clé sous la porte. Si l’activité était si lucrative que le prétend la Cour des comptes, la logique serait plutôt qu’elle attire de nouveaux entrants…

Face à ce rapport des plus stigmatisant, la Confrérie de Jean Nicot est bien sûr solidaire des buralistes. Elle souligne la très grande disponibilité de ces commerces de détail qui répondent, au-delà des produits du tabac, aux besoins courants de la population et permettent les achats de dépannage grâce à des horaires d’ouverture très larges et une grande densité du réseau. Nous souhaitons que les buralistes gardent leur mission en ce qui concerne le tabac et, au moment où le commerce de proximité reprend de la vigueur, puissent renforcer leur présence dans les villes et les campagnes.

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