L’aventure botanique de Christophe Colomb

Célèbre pour avoir découvert le Nouveau Monde, Christophe Colomb l’est aussi pour en avoir rapporté l’herbe des dieux, le tabac. Mais ce que l’on sait moins, ce sont toutes les variétés de végétaux introduites sur le Vieux Continent par le navigateur.

Le tabac : le mot provient d’un terme indien désignant une pipe primitive. Les Amérindiens lui attribuaient une origine divine et l’associaient dans tous les rituels socio-religieux. Archives SEITA - © MNHN

Le tabac : le mot provient d’un terme
indien désignant une pipe primitive. Les
Amérindiens lui attribuaient une origine
divine et l’associaient dans tous les rituels
socio-religieux.
Archives SEITA – © MNHN

« Ce monde est le plus belle chose que j’aie jamais vue et je ne me lasse jamais de poser mon regard sur une végétation aussi splendide et si différente de la nôtre. Je pense qu’il y a beaucoup de plantes et d’arbres qui seraient appréciés en Espagne » relate
Christophe Colomb dans son journal tenu lors de son expédition à bord de la Santa Maria qui le conduisit de la route des Alizés à Cuba, en passant par les Canaries.
Colomb avait raison : beaucoup de plantes des Amériques se sont acclimatées dans l’Ancien Monde et ont bouleversé nos habitudes alimentaires. En effet, dès le premier voyage de l’expédition, les navigateurs ont découvert le tabac reçu en cadeau de bienvenue. Le
15 octobre 1592, l’Espagnol note dans son journal sa rencontre dans les Bahamas avec des Indiens dont le canot est chargé de cette plante qu’ils fument à l’aide d’un tuyau fourchu et qu’ils appellent tobaco. Ainsi commence l’histoire de cette « herbe des dieux » qui va révolutionner l’Occident.
En plus du tabac, Christophe Colomb rapporte d’autres plantes comme le maïs qui fut à l’origine de la première culture de « blé de
l’Espagne » en 1494, dans la province de Séville. Car les découvreurs de l’Amérique furent étonnés de voir que les Indiens ne connaissaient ni les céréales (blé, orge, seigle, riz) ni les oliviers, les agrumes ou la canne à sucre et avaient des moeurs alimentaires extrêmement différentes. Ainsi au Mexique et dans la Méso-Amérique, chez les Aztèques, la nourriture était à base de
maïs, haricots et cucurbitacées diverses. Au nord de l’Amérique du Sud, chez les Incas du Pérou, le maïs et la pomme de terre étaient à l’honneur.
Ce n’est qu’au XVIIIe siècle que la tomate fut réhabilitée. Jusque-là, botanistes et médecins lui prêtaient des liens de parenté avec certains poisons comme la foudroyante mandragore ou la mystérieuse belladone. Archives SEITA - © MNHN

Ce n’est qu’au XVIIIe siècle que la
tomate fut réhabilitée. Jusque-là, botanistes
et médecins lui prêtaient des
liens de parenté avec certains poisons
comme la foudroyante mandragore
ou la mystérieuse belladone.
Archives SEITA – © MNHN

A ces végétaux s’ajoutaient, selon les régions, la tomate, le piment, l’avocat, la vanille, l’ananas…
Inconnues en Europe, il y a 500 ans, toutes ces plantes vivrières ont été progressivement introduites sur les tables européennes et connaissent, aujourd’hui, un regain d’intérêt grâce aux chefs étoilés qui en font les « reines » de leur menu gastronomique.
Et le tabac ? Lors de son expansion dans l’Ancien Monde, le tabac s’est dépouillé des rituels qui ont présidé à sa popularité dans les sociétés indiennes et de son efficacité symbolique reconnue dans la religion. Les Européens, en adoptant le tabac, ont abandonné ses significations originelles pour en faire un usage qui s’est rapidement banalisé. Et, si aucune plante américaine n’a bénéficié d’un tel engouement, le tabac a suscité des critiques à la mesure de la passion que lui ont portée ses consommateurs. Preuve que le tabac n’a jamais été une plante comme les autres !
Suzanne Ouguergouz

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